Chloé en Tunisie

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Kairouan

En ce samedi 29 août, j'ai décidé de visiter Kairouan. Cette ville est la première ville sainte du Maghreb. Elle a été fondée au début de l'ère islamique : au VIIème siècle.
De tête, Kairouan accueille pas loin de 200 mosquées, dont on reparlera plus tard.
C'est la quatrième ville sainte selon les sunnites (après La Mecque, Médine et Jérusalem). Les Tunisiens sont des sunnites.
Kairouan est aussi très réputé pour ses pâtisseries, notamment les makrouds (on en reparlera également) et ses tapis.
A ce propos, le guide du routard prévient de la présence de nombreux rabatteurs prêts à tout pour vendre des tapis aux touristes.

Donc, je me lève tôt au matin pour me rendre à Tunis et prendre le bus. Il y a un direct pour Kairouan toutes les heures. Il y a environ 3H de route. Pendant mes rares moments de conscience, je regarde le paysage : il n'y a absolument rien ! Alors, je me rendors ! lol



Très vite, je comprends que j'aurai dû partir beaucoup plus tôt car tout ferme à 14H. Bon pas grave, j'irai avant tout aux trucs vraiment à voir et s'il reste du temps, j'aviserai.







Je commence par la Zouïa d'Abou Zamâa (alors vous vous rappelez de ce qu'est une zouïa ?). Abou Zamâa était l'un des compagnons de Mahomet.
On l'appelait aussi le barbier car il avait toujours 3 poils de la barbe de Mahomet dans sa poche ... légèrement fétichiste le gars !
Pour entrer dans le bâtiment, une tenue correcte est exigée, sinon on prête des djellabas. On m'avait prévenu de ça, donc j'avais prévu le coup.
Le hic c'est que Kairouan est au centre du pays, donc il fait chaud; mais je préfère avoir chaud et visiter librement que mettre une djellaba ayant déjà servie 50 fois sur la journée.
Bref, la zaouïa est un superbe bâtiment, du sol au plafond, tout est beau ! Les faïences sont d'influence ottomane, les frises de stuc sont magnifiques, les plafonds, les boiseries superbement travaillés ...









Je suis sous le charme. Un car complet d'espagnols vient de débarquer, je fais donc la visite dans le sens contraire pour être libre pour les photos.

L'entrée du sanctuaire est interdite aux non musulmans, mais du seuil, on voit déjà un peu. Il faut savoir que ce lieu est toujours utilisé, ce n'est pas qu'un lieu touristique.
Par exemple, à l'emplacement de l'ancienne école coranique, maintenant on trouve la salle de prières des femmes. Ah bin oui, hommes et femmes ne prient pas dans la même salle.

















D'ailleurs, sur la plupart des mosquées, il y a plusieurs portes d'entrée : une pour les hommes, une pour les femmes et une autre pour les enfants. Les enfants peuvent être initiés à la prière à partir de 7 ans.
Dans la Zaouïa Abou Zamâa, deux fois par an a lieu la cérémonie de la circoncision dans la cour.
Je me dirige, très vite, vers la Grande Mosquée. L'heure tourne et je ne voudrai pas me faire refuser l'entrée.

C'est le plus ancien édifice religieux du monde musulman occidental. Comme d'hab', les non musulmans ne peuvent visiter que la cour et rester au seuil de la salle des prières.















Beaucoup de pierres viennent d'édifices romains détruits, comme ça se faisait à l'époque. Sur le minaret, il y a deux blocs avec des inscriptions latines, l'un deux est même à l'envers !



Comme dans toutes les salles de prières, on retrouve de l'alfa partout, des petites étagères avec le Coran, des lustres magnifiques, un calme appréciable et une architecture magnifique. Vraiment dommage qu'on ne puisse pas y entrer.
Ca me ferait mal de convertir, juste pour y pénétrer. Enfin, je suppose que les salles pour les femmes sont moins belles aussi !
Bon au début, je vous parlais des 200 mosquées (ou plus ou moins je ne sais plus, mais il y en a dans tous les coins). Il y a un code auquel je n'avais jamais fait attention. Si la porte de la mosquée est verte (symbole du paradis), c'est que c'est une petite mosquée, il n'y a donc pas de place pour les femmes.
Si la porte est marron, alors c'est plus grand, les femmes peuvent donc y aller.
Bon, je suis déçue, il est déjà quasiment 14h et je n'ai vu que deux bâtiments, bien que les principaux mais quand même. Je rencontre Hédi, qui est de ces fameux rabatteurs. Il est berbère mais né à Kairouan. Complètement amoureux de sa ville, il en connait les moindres recoins.
Il me propose de me montrer quelques trucs, méfiante, je lui dis que je n'ai pas besoin de guide. En fait, il proposait ça de bon coeur, alors bon je le suis, on verra bien.
Il me fait remarquer qu'il y a différents types de portes dans la médina. Certaines ont une mail de Fatma, voire deux. Cela veut dire que les habitants sont arabes et qu'il y a une ou deux familles (selon le nombre de mains).
D'autres portes sont cloutées (avec des motifs précis) et comportent une porte toute petite. On a donc affaire à une famille berbère. La petite porte est l'entrée des visiteurs. Ils doivent se pencher donc pour entrer et sont déjà courbés pour saluer la famille.







On passe devant un atelier de makroubs, ces fameuses pâtisseries dont je vous parlais. C'est de la semoule qu'on fourre avec de la datte, qu'on frie et qu'on laisse baigner dans du miel. Purement calorique, mais divinement bon !
Neïma m'en a commandé 1KG. C'est une gourmandise qui se mange à n'importe quel moment de la journée, et pendant la nuit pour le Ramadhan.







Comme ça se conserve facilement 6 mois, j'en ai moi même pris un peu ;).
Chaque coin de la médina est un quartier bien précis avec un métier bien précis et toute l'ambiance et les odeurs qui suivent !
On passe par le quartier des menuisiers, puis celui des métiers à tisser. Seules les femmes tissent et les hommes vendent. Normalement à Kairouan, on épouse une femme si elle fait tisser, comme cela tous les tapis qu'elle aura fabriqué pourront être vendus pour rembourser la dote en cas de divorce.
Mais bon, c'est une vieille tradition, les jeunes ne suivent plus ça. Il ne reste plus beaucoup de femmes sachant tisser et elles sont âgées.





Hedi m'a ensuite montré le Bir Barouta. C'est un puit de 20m de profondeur, toujours en action. C'est un chameau qui tourne pour faire remonter l'eau. Qu'est-ce que ça pue un chameau !!



Il a les yeux bandés pour ne pas devenir fou à force de tourner en rond. Quand on y est allé, le chameau n'avançait pas. Hedi a voulu le faire avancer en faisant le même bruit que le chamelier, mais bon la bête s'est mise à faire marche arrière ! mdr
Il a des foulards sur lui. Ce sont les femmes dont le fils vient d'être circonscrit qui lui mettent ça, parce que ça porte chance.
Bon maintenant, le puits est devenu une attraction touristique, la ville a l'eau courant depuis belle lurette.
L'avantage, c'est que l'eau est fraiche et tous les gamins s'amusent à s'arroser par une sortie d'eau un peu plus basse.
L'heure tourne, je remercie Hedi et continue seule mon chemin dans les labyrinthes de la médina. Je me suis d'ailleurs bien perdue ! Les noms des rues sont ici uniquement en arabe, pas facile quoi !










ouverture très spéciale du fanta





Bon, je retrouve ma route et me rend à la gare routière. Le bus a un peu de retard. Neïma m'avait invitée pour le repas du soir, je n'y serai pas !
En cours de route, pile 19h, le chauffeur s'arrête ! Rupture du jeûne, une sandwicherie, et hoplà !
Je rentre à Carthage complètement crevée vers 21H.
Bon voilà ce fut bref, mais je suis quand même contente d'avoir vu Kairouan, au moins pour les petits trucs qu'Hedi m'a appris.


30/08/2009
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