Chloé en Tunisie

Chloé en Tunisie

Le Kef

Je me suis levée assez tôt ce matin pour aller au Kef (à le Kef). Avant toute chose, il est à noter que j'en suis, en ce samedi 5 septembre à mon 67ème jour en Tunisie.

Ce n'est pas que je décompte (quoique ...) mais j'ai trouvé une option dans mon appareil photo qui demande les jours de début et de fin du voyage. Bon voilà, ce n'était pas important mais je tenais à le souligner.
Alors le Kef se situe à 170km de Tunis et environ 40 de la frontière algérienne.
C'est une petite ville, peu touristique où il n'y a pas énormément de choses à voir, mais ce qu'il y a en vaut la peine !









J'arrive vers 10H30/11H à la gare routière (j'ai pris le bus). Et là surprise, il n'y a absolument rien ! Great.
Je demande à un ptit vieux qui passait par là et me montre au loin la Kasbah (qui est très en hauteur) et me dit qu'il faut pendre un taxi parce que c'est très loin.
Meuh non, je vais y aller à pied ! Au bout de 5 min, je me rends compte que c'est effectivement très loin ! J'ai l'impression de m'éloigner alors que je prends bien la direction de la Kasbah.
Hoplà demi tour, je prends un taxi ! Au Kef, pas de compteur dans les taxis. Arnaque ? Bin non c'est comme ça apparemment. Encore plus surprenant, le taximan prend plusieurs personnes en même temps, pendant une course.
Le taxi m'amène au musée des Arts et traditions populaires, ça a l'air d'être la fierté locale.
J'entre, accueil hyper chaleureux! Je commence la visite et un homme commence à m'expliquer. Un peu méfiante, je commence à être habitée aux "gens sympa" de Tunis qui sont en fait des guides et qui font bien payer!
Mais là non, il est juste employé au musée, passionné par ce qu'il présente et surtout heureux de voir un touriste! Et oui, quand je disais que ce n'était pas touristique, c'est vraiment vrai là ! De toute façon, ça se sent tout de suite !
Presque rien n'est traduit en français (sauf dans le musée, tout est en français), il n'y a pas beaucoup de gens qui parlent vraiment le français, mais il y a toujours moyen de se faire comprendre.
Le musée est dans une ancienne zaouïa et montre les traditions régionales. La première salle est consacrée à la parure, au mariage. Le plafond de cette salle est magnifique : dôme en stuc ciselé et vitraux. On y voit aussi une frise reprenant les 99 noms d'Allah.
Un des costumes m'a intrigué : celui du premier jour du mariage. Le femme a comme des cadenas aux pieds. Ces choses étaient remplies de grain et ça faisait donc du bruit quand la femme marchait. L'intérêt était d'entendre la femme arriver, car les hommes ne peuvent pas la regarder.
Une partie est verte, pour le paradis et toutes les bonnes choses, l'autre est rouge, pour toutes les mauvaises choses. La femme porte un collier avec deux pendentifs. La lune, symbole du garçon, côté vert de la robe, la main de fatma, pour la fille, côté rouge de la robe (bin voyons).




Cette parure aurait pour fonction un espoir de fécondité et d'avoir un garçon et une fille.
L'autre robe est celle du 7ème jour du mariage. Je ne sais pas si je vous avais expliqué, mais en Tunisie, le mariage dure 7 jours et il y a une tenue par jour. Donc le dernier jour, la femme se rend dans sa famille. Si la robe est verte, alors tout va bien, c'est un code.
Si elle est jaune, rouge, quelque chose d'autre que verte, alors c'est qu'il y a un souci et la famille doit réagir. Bon par contre, je ne sais pas la réaction de l'homme s'il voit sa femme partir avec une robe autre que verte ! Elle s'en mange une et va se changer !mdr


Dans la salle suivante, on y voit un campement bédouin. La tente est composée en 3 parties grises, reliées entre elles par des bandes colorées. La tente et les bandes sont en laine (mouton, chameau, ...)







Les bandes colorées permettent de savoir à quel groupe appartenait cette tente (code de couleurs) mais aussi de renfort pour la structure de la tente. Dans la tente en elle même, il y a deux parties, une pour les hommes, une pour les femmes.
Dans sa première fonction, du temps de la zaouïa, cette salle, était la salle des prières. C'est pour cela qu'on trouve le petit renfoncement (dont j'ai oublié le nom) dirigé vers la Mecque avec des paroles pour Allah. Il est le seul dieu, et ce genre de choses.



On arrive ensuite dans une petit cour où on trouve un cadran solaire. Le guide du routard dit qu'il y a un retard de 20min, le guide dit que c'est faux (mais j'ai pas bien suivi son explication).
Il m'a aussi dit qu'il y avait quelques petites erreurs dans le guide du routard à propos de Kef. Il leur a déjà signalé, ça devrait être rectifié pour la prochaine édition, mais il m'a demandé de le leur rappeler. Je le ferai, promis ;)





Ensuite, il y a toute sorte de matériels agricoles, des poteries, etc. Chose amusante, les femmes lissaient les poteries en mettant des coquillages au bout de leurs doigts ! Et c'est super lisse !!Ce qu'il y a d'amusant ? Bin le Kef n'est quand même pas tout proche de la mer et pourtant, apparemment on trouve facilement des coquillages.



Ils ne doivent pas être tout jeune !
On arrive ensuite dans la salle de l'ancienne école coranique. Il n'y a aucune inscription, aucun décor, tout est blanc. Le guide me demande comment on sait que c'était une école coranique et se met à fredonner un air. Heu ... En fait, c'est parce que ça résonne ! On y apprenait à "chanter" le Coran.


Bon maintenant c'est une salle d'exposition consacrée à l'art équestre et aux armes. Il y a un équipement complet pour un cheval qui y est exposé. Le guide m'a proposé d'entrer dans la vitrine pour prendre une photo. Cet équipement a été utilisé, il date du XVIIIème ... et il sent encore super bon le cuir ! Cuir de chameau bien sur !


J'ai été impressionnée par la taille des éperons ! Moi qui détestait utiliser même une simple petite boule ! Non, on ne pique pas le cheval avec, on se sert des côtés ! Faut pas se louper quand même !



Ca continue avec des objets du quotidien, dont une cornemuse avec des cornes mais pas de muse ! Il y a des épices, des grains, un moulin provenant de Marseille, du matériel de barbier. Ah oui, un barbier faisait aussi office d'école (parce qu'on parle beaucoup chez le barbier alors on apprend à parler correctement), d'arracheur de dent et de circonciseur.







Tout un programme !
Le musée continue à s'enrichir de nouvelles salles et donc de nouveaux thèmes.
J'ai très peu de temps sur place car avec Ramadhan, le dernier bus pour Tunis part très tôt. C'est donc à contre-coeur que je quitte le musée et le guide. Ce dernier compte même faire du service après vente. Il va m'envoyer par mail une vidéo expliquant l'architecture de la région. S'il le fait, ça serait vraiment sympa. On y présente des monuments qui ne sont pas visitables.
Je me promène dans les rues pentues sous un soleil de plomb et grimpe jusque la Kasbah.













J'y entre, le gardien m'explique un peu ce que je peux voir et me laisse faire un tour. La kasbah est utilisé en juillet pour un festival de musique, sinon il ne s'y passe rien. Seule une partie est rénovée, l'autre est presque en cours. On peut visiter sans problème, mais rien n'est expliqué, et d'ailleurs, il n'y a pas grand chose à voir. C'est juste ce qui a fait la puissance du Kef pendant l'Histoire.







La Kasbah du Kef a toujours été un haut lieu de stratégie. Elle date du XVIIème. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les français ont même choisi Le Kef comme la capitale provisoire de la Tunisie libre.
Il y a deux forteresses bien distinctes. Ca l'est encore plus aujourd'hui car une est rénovée, l'autre pas. Tout en haut de la Kasbah, on a un magnifique panorama sur la ville, sa région et même sur la frontière algérienne !











Le gardien me laisse entrer dans la partie non rénovée. Effectivement, il y a du boulot ! L'infanterie a logé là, et bon ils n'ont pas trop respecté les lieux.







J'ai continué à flâner dans les rues désertes quelques temps. Je suis ensuite arrivée en plein centre ville. Ah, ils étaient là tous les gens ! C'était beaucoup plus animé, les commerces commençaient à ouvrir, les gens faisaient leurs petites courses pour le soir.
J'ai appelé un taxi, qui a pris d'autre personnes en route. J'ai discuté un peu avec le taximan, qui avait vraiment de vilaines dents. Les gens sont très sympa à Kef et heureux de discuter avec un touriste ! Le taximan édenté me demande mon âge et est tout heureux de m'annoncer que sa fille qui étudie en Italie a le même âge que moi.
Du coup, il ne veut pas que je paie la course (ça tient à peu de choses parfois), pour faire plaisir à une étudiante. Bon c'était pas la morte, 500millimes, mais le geste était sympathique. Donc la prochaine fois que je viens à Kef, il faut que je demande après sa fille, qui va devenir guide touristique.
Je remonte dans le bus, crevée mais détendue. Ca fait du bien une journée loin de ces gros pigeons de touristes, au calme, dans une ville authentique et simple.
Beaucoup de route pour voir peu de choses, peut-être, mais ça en valait la peine.


06/09/2009
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