Monastir et Mahdia
Je pensais aller à Sfax ce week end. J'ai lu un peu partout qu'il n'y avait pas grand chose à y faire et que c'était fort industriel. De plus, à cause des mines de phosphate, bin ça pue ... le phosphate ! (ça sent quoi le phosphate ?)
Et puis, encore un argument négatif, ce n'est pas super facile d'accès, il faut pendre le train très tôt le matin et au niveau des retours, c'est pas top top non plus.
Bon ok, pas Sfax, mais quoi alors ?
En faisant le point avec les collègues de ce que j'avais déjà vu, il est ressorti que Monastir était à faire. Mais Monastir étant petit, je pouvais continuer la journée par une autre ville grâce au métro du Sahel. Ayant déjà visité Sousse et comme il n'y a rien de particulier à Moknine, mon choix s'est porté sur Madhia.
C'est la ville natale de la chef de projet archi de l'agence.
Au niveau des trains, il n'y a aucun horaire vraiment intéressant pour se rendre à Monastir. Par contre, il est possible d'aller à Sousse et de là prendre le métro du Sahel jusque Monastir. Solution à retenir, mais ce n'est pas la plus simple.
Pour ne pas être dépendante d'horaire, je décide de prendre le louage. Je suis bêtement ce qu'ils indiquent dans le guide du routard au niveau des départs pour Monastir, et pour une fois, ça s'est avéré faux ! Rien de très grave, je n'ai perdu que 30 min et ça a permis de me réchauffer un peu. Les températures changent et en grande frileuse, ça commence à être limite pour moi!
Donc hoplà, je suis dans le taxi qui se remplie assez vite, nous voilà en route pour Monastir. Le chauffeur sort du parking, sans regarder, bien sûr, pan la moto d'un flic ... Bon ça gueule mais il n'y a aucun dégât. Le chauffeur finit par faire le salut militaire (il avait le tshirt qui suivait faut dire) et ça a plu au flic, qui est parti.
Il y a 160km entre Tunis et Monastir, ce qui fait environ 2h-2h30 de route.
Monastir est la ville natale d'Habib Bourguiba, l'ancien président de la Tunisie. Il a voulu que sa ville soit plus belles que toutes les autres, ce qui a eu pour conséquence de lui faire perdre son charme et sa chaleur. En voulant enrichir sa ville, il a beaucoup contribué à la destruction des anciens quartiers.
Apparemment, 1/3 de la médina aurait été détruit dans les années 60.
La gare routière de Monastir est au pied des remparts de la médina. Je passe donc directement la porte. Bon bin là des touristes partout, surtout des français, des centres commerciaux pour touristes (ils appellent vraiment comme ça) et des peluches de chameaux.
Je me dirige donc directement vers le Ribat qui est au bord de la mer. Sur la route, je m'arrête à la Grande Mosquée, qui semble visitable.
Ah non juste la cour intérieure qu'on pouvait voir, puisqu'il faut y entrer pour payer. Dans la cours, il n'y a absolument rien ! Une longue colonnade en marbre, mais c'est tout. Je reprends la route vers le Ribat.
Comme souvent, ce ribat a eu une base, et a été agrandi, consolidé avec le temps, les époques, les invasions, ... Ce qui en fait un bâtiment assez complexe. Je plains la personne qui tentera un jour d'en faire un plan précis ! Il y a des escaliers partout, mais ils ne mènent pas forcément là où on pense ! Il faut parfois aller tout à gauche pour en fait se rendre à droite, monter 2 étages pour pouvoir en descende 1, etc.
J'ai grimpé dans le nador, tour de garde et y ai rencontré un couple de français assez âgé. La dame m'a dit que dans son guide, on disait qu'il y avait 87 marches pour accéder en haut, et elle a compté, il y en a bien 87. Elle était à deux doigts de l'arrêt cardiaque. Pas d'panique ma ptite dame, j'ai mon brevet de secouriste ... heu comment on fait déjà ?!
Bon bref, un vue superbe sur la mer, le cimetière et toute la ville.
Pourquoi je vous parle du cimetière ? Déjà parce qu'un cimetière c'est toujours vachement cool, et puis il est grand, et puis c'est là qu'Habib Bourguiba est enterré.
Mais on en reparlera juste après.
Dans le Ribat, il y a aussi un petit musée. Il s'appelle le musée Habib Bourguiba ! Bien tient !
A Monastir, il y a l'avenue Habib Bourguiba, l'avenue Fattouma Bourguiba, l'avenue Meufida Bourguiba, le musée Bourguiba, la mosquée Bourguiba, le mausolée Bourguiba, l'aéroport Habib Bourguiba, ...
Revenons au petit musée. On y trouve des tissus anciens, des fragments de manuscrits, des enluminures, ... J'ai été frappée (façon de parler hein) par des fragments de tissus brodés datant du VIème siècle, presque pas abimés !
Je me dirige ensuite vers le cimetière. Il est bien entretenu (par rapport à celui de Bizerte) et il y a des tombes de toutes sortes.
Une tombe m'attire particulièrement car elle est juste enduite de ciment et on y a inscrit des trucs avec le doigt. Ca devait être quelqu'un d'assez pauvre.
Après ça, je me dirige vers la tombe de Bourguiba. Heu, léger contraster avec la tombe dont je viens de vous parler. Vous voyez le ptit machin au fond ? C'est là ...
Ce qui est déjà prodigieux, c'est que Bourguiba est enterré à l'emplacement exact de la sépulture de ses parents. Ensuite, il a vu les choses un peu grande. Pour accéder à sa tombe, il y a une allée solennelle qui doit faire pas loin de 100m. Une mega grille, un bâtiment central assez grand et de chaque côté un minaret de 25m de haut. Petite tombe quoi.
Il a fallu près de 20 ans pour construire tout ça. L'intérieur est du deux étages, hyper luxueux.
Il y a même un mini musée sur Bourguiba avec les lunettes de Bourguiba, son bic, sa carte d'identité (qui porte le numéro 0000001), ses costumes, ses chaussures, ... manque juste un slip et le compte est bon.
Autour de son tombeau, il y a comme des niches couvertes de mosaïques en or. Les plafonds aussi sont dorés et éclairés par des lustres en cristal.
Un guide expliquait quelques petits trucs à un couple d'espagnols. Et là j'ai entendu quelque chose de fabuleux : "La Mecqua est la casa de Alah"! Je suis allée me cacher pour rire!
Sinon, pour la ptite histoire, Bourguiba c'est le combattant suprême. C'est grâce à lui que la Tunisie est devenue indépendante, que les femmes sont reconnues égales à l'homme, qu'elles ont le droit d'avortement, de vote, la polygamie devient une exception, etc. tout ça en 1957! C'est quand même pas rien.
Bon à côté de ça, il y a eu des erreurs, des abus et il s'est autoproclamé président à vie en 1974, l'année de ses 71 ans quand même. Sa santé commence à se dégrader, le gouvernement devient figé. Son épouse tente de le lui faire remarquer. Il l'accuse de complot et la fait disgracier.
Il est de nouveau élu en 1986 (avec des élections truquées ... tient ça existe ça?!) et devinez qui est son premier ministre ... ce cher Ben Ali bien entendu ! Un an plus tard, Ben Ali, en accord avec les autres ministres, pousse Bourguiba hors du pouvoir et on le renvoit dans sa ville natale.
Le changement de président est à peine fait que toutes les statues à l'effigie de Bourguiba sont remplacées par celles de Ben Ali. T'es vieux, ciao et merci. Bourguiba meurt en 2000, il n'y a même pas eu de fête nationale.
En arrivant au pouvoir, Zine el-Abidine Ben Ali a refusé le titre de président à vie. Le truc c'est qu'il est élu depuis 1987 avait 99.95% ...
Bon, il est midi passé, j'ai la dalle, je m'offre un ptit resto. C'est toujours Ramadan, donc pas facile de trouver à manger mais là c'est finement fait. Un menu sur pied, laissé dans la rue, uniquement en français. Tu regardes le nom du restaurant et tu vois que c'est fléché un peu plus loin. Les portes sont fermées, il suffit d'entrer et voilà, t'as un resto ouvert. A l'intérieur, un couple de français, c'est tout.
Puisque vous êtes fan de ma vie, je vous le dis, j'ai mangé des spaghettis bolo, très très bons pour presque rien.
Il est presque 14h, j'ai déjà fait le tour de Monastir, il ne me reste plus qu'à aller voir comment ça se passe pour prendre le métro du Sahel et me rendre à Mahdia.
C'est très bien organisé. On me donne une feuille avec les horaires spéciaux pour Ramadan. Tout est précis, ponctuel, ok on y va.
Il y a environ 50min pour faire Monastir jusqu'au terminus de mahdia avec plein d'arrêts entre deux. Alors le train, miteux comme jamais ! Ca pue l'huile chaude, c'est tout crade, c'est pas confortable mais c'est pas cher.
J'arrive un peu avant 16H à Mahdia. Le temps n'a pas l'air top top. Je regarde bien le plan de la ville pour m'organiser car le dernier métro de la journée pour Monastir part à 17h15. J'ai peu de temps sur place. Je sors de la gare, grosses averse ! Super ...
Je m'abrite sous un arbre et commence à papoter avec deux guides locaux. Ils m'expliquent que la saison n'a pas été terrible et qu'ils ont vu un gros changement au niveau des touristes depuis l'an dernier. Ce sont encore les français et les allemands majoritaires, mais ils paient moins que d'habitude. Mais la grosse surprise, c'est que maintenant ce sont beaucoup de russes, tchèques, slovaques ... qui sortent rarement de leurs hôtels.
Ils viennent pour le soleil, point barre. Certains ne soucient un peu de leur culture mais n'achète rien, ne paie rien du tout. D'ailleurs, un pâtissier de la ville (un français tombé amoureux de Mahdia) dit que ce sont des tchèques sans provision ! mdr
Blablabla on papote, l'heure tourne, le temps se calme. Je quitte donc les deux guides et tente une tite visite rapide des lieux. A Mahdia, il y a un cimetière marin sur un ancien port fatimide (un mouvement dissident de l'islam).
Il est vraiment au bord de la mer, certaines tombent touchent quasiment l'eau. Un petit chemin s'est tracé avec le temps au milieu des tombes et de la nature. Par beau temps, ça doit vraiment être magnifique. C'est déjà très sympa quand il pleut.
Le cimetière est au bord d'une énorme forteresse turque, fermée lorsque je suis arrivée. Des fouilles sont encore organisées tout autour.
D'extérieur, la Grande Mosquée ne montre rien d'exceptionnel et de toute façon, elle est fermée.
Je reviens sur mes pas et passe dans le marché de la ville. Je suis devenue accro à ce truc là. Bon celui là est vraiment tout petit et il y a peu de vendeurs encore présents.
Il est déjà presque 17h, je me dirige donc vers la gare mais passe par le port. C'est un port de pêche très important. Il y a quelques gros paquebots sortis de l'eau. Les pêcheurs ont déjà rangé les filets.
Bon bin c'est l'heure pour moi de rentrer également alors.
Je monte dans le train, il n'y a absolument personne. Comme j'avais dormi comme une masse à l'aller, j'essaie de rester éveillée pour voir un peu le paysage. Entre Mahdia et Monastir, c'est simple, il n'y a rien ! En tout cas, rien de visible le long des voies.
Il y a quelques villages ou groupes de maisons mais c'est tout. J'ai vu pas mal de jeunes discutant dans des terrains vides, ils devaient avoir plus ou moins mon âge. C'est quoi leur avenir par là ?
Je finis par m'endormir et le contrôleur me réveille à notre arrivée à Monastir. Ce n'est pas un terminus donc si je reste dans le train, je me retrouve à Sousse.
Il est 18H40, donc en plein pendant la rupture du jeûne. Pas le meilleur moment pour trouver un moyen de transport pour rentrer à Tunis. Je vais à la gare de louage, tous les taxis sont là, mais bien sûr personne dedans.
Je trouve ceux qui rentrent à Tunis. Le chauffeur me dit que je risque d'attendre un petit temps avant qu'on parte. Bon bin tant pis, pas le choix de toute façon. Très vite une deuxième personne monte dans le taxi. On discute un peu pour faire passer le temps. Cet homme est guide et bon là il se prend ses congés à Tunis.
Il critique les autres guides en disant qu'ils ne sont là que pour te vendre des trucs et au fil de la discussion il avoue avoir un commerce de tapis et l'huiles essentielles ... Il est comme les autres quoi, mais bien sûr, je me tais.
Il commence à être relou avec ses propositions à la con (me faire "visiter" un super hôtel tunisois, m'offrir de l'huile essentielle qui donne plus d'ardeur dans le couple, etc.) et donc je l'envoie bouler (poliement quand même) et vais à l'arrière du van pour avoir la paix. Cool, il n'insiste pas. Vers 20h00, d'autres personnes arrivent, ok c'est complet, en route !
On fait une halte sur la route dans une station Total. Bon bin en Tunisie aussi, les wc des stations Total sont propres. On se remet en route, d'une traite jusque Tunis.
Depuis que je suis en Tusinie, j'ai appris à mentir sans scrupule. On me demande souvent mon numéro de téléphone et refuser de le donner, c'est un peu s'attirer des emmerdes. Alors j'en donne un, mais ce n'est pas le mien. Je ne change qu'un numéro pour ne pas donner l'air d'hésiter. Apparemment, ce numéro existe, je m'excuse auprès de la personne qui doit recevoir des appels et messages provenant de Tunisie.
Donc avant de quitter le parking, le guide ma saoule pour avoir mon num et me faire visiter Tunis, ok je donne le faux numéro. Il essaie, forcément mon téléphone ne sonne pas. Déjà, je donne le numéro belge (que je laisse à l'appart) et puis de toute façon j'écoutais de la musique donc dans ces cas là, je n'ai qu'un faible bip dans les écouteurs.
Je le salue au lieu, vite fait et je fuis dans les rues tunisoises pour choper un TGM.
Donc voilà, pour toutes les copines qui s'inquiétait du comportement des tunisiens, oui ils sont dragueurs, parfois bien relou, mais ils insistent rarement. Il faut éviter d'être trop honnête et de leur dire qu'on ne va pas les rapeller parce que c'est là qu'ils deviennent chiants ! Quand c'est possible, dans les transports en commun, il vaut mieux se mettre au milieu d'une famille, même si c'est bruyant ou près de femmes âgées.
Personnellement, j'écoute toujours de la musique, c'est rare qu'on soit dérangé dans ces cas là. Si par hasard, vous avez croisé le regard d'un homme (surtout jeune) évitez que ça arrive une nouvelle fois, parce qu'eux croient que c'est volontaire et vous allez vite le voir s'avancer vers vous ...
Si un officiel ou quelqu'un à qui vous demandez un renseignement commence à dire que vous êtes charmante etc. ne vous fâchez pas et reposez votre question, ils y répondront, remerciez et partez.
Voilà ce sont tous des petits trucs que j'ai remarqué tout au long du séjour. J'ai beau être quelqu'un de pas provocante du tout, qui ne s'habille pas particulièrement court, qui ne parle pas à n'importe qui, je n'y échappe pas parce que je suis une fille, que je suis bien souvent seule (ça les intrigue toujours ça) et que je suis européenne.
Quoique ça fait plusieurs fois au cours de ces dernières semaines qu'on me demande si j'ai des origines arabes. On me dit que je ne fais pas européenne à 100%. Le fameux guide relou a même poussé le truc à dire que mon arrière grand-mère (j'ai expliqué mes origines lointaines catalanes) devait avoir des orgines syriennes parce que, apparemment j'ai le regard d'une syrienne. Alors Esperanza Saletes ne serait pas une vraie catalane ?! (ça va fâcher mon père ça, héhé!)
Ah ouais, aussi, il faut savoir que les tunisiens sont très curieux. Ca nous parait étrange à nous, européens, mais ils aiment discuter dans la rue, simplement. Alors ils posent des questions sur l'âge, si on a un mari (bin oui, il faut être marié), combien on est payé, etc. Perso, je ments toujours sur mon salaire, le rabaissant au smic tunisien, ça évite les emmerdements. Sinon ils vont se dire que je suis riche et en période de Ramadan, on pratique l'aumone légale.
Ne vous inquiétez pas, cette façon se mentir restera à la frontière, là ça fait vraiment partie du kit de survie.
Le week end prochain, j'irai normalement dans le Grand Sud et je passerai par une agence pour éviter les surprises.
Et puis, encore un argument négatif, ce n'est pas super facile d'accès, il faut pendre le train très tôt le matin et au niveau des retours, c'est pas top top non plus.
Bon ok, pas Sfax, mais quoi alors ?
En faisant le point avec les collègues de ce que j'avais déjà vu, il est ressorti que Monastir était à faire. Mais Monastir étant petit, je pouvais continuer la journée par une autre ville grâce au métro du Sahel. Ayant déjà visité Sousse et comme il n'y a rien de particulier à Moknine, mon choix s'est porté sur Madhia.
C'est la ville natale de la chef de projet archi de l'agence.
Au niveau des trains, il n'y a aucun horaire vraiment intéressant pour se rendre à Monastir. Par contre, il est possible d'aller à Sousse et de là prendre le métro du Sahel jusque Monastir. Solution à retenir, mais ce n'est pas la plus simple.
Pour ne pas être dépendante d'horaire, je décide de prendre le louage. Je suis bêtement ce qu'ils indiquent dans le guide du routard au niveau des départs pour Monastir, et pour une fois, ça s'est avéré faux ! Rien de très grave, je n'ai perdu que 30 min et ça a permis de me réchauffer un peu. Les températures changent et en grande frileuse, ça commence à être limite pour moi!
Donc hoplà, je suis dans le taxi qui se remplie assez vite, nous voilà en route pour Monastir. Le chauffeur sort du parking, sans regarder, bien sûr, pan la moto d'un flic ... Bon ça gueule mais il n'y a aucun dégât. Le chauffeur finit par faire le salut militaire (il avait le tshirt qui suivait faut dire) et ça a plu au flic, qui est parti.
Il y a 160km entre Tunis et Monastir, ce qui fait environ 2h-2h30 de route.
Monastir est la ville natale d'Habib Bourguiba, l'ancien président de la Tunisie. Il a voulu que sa ville soit plus belles que toutes les autres, ce qui a eu pour conséquence de lui faire perdre son charme et sa chaleur. En voulant enrichir sa ville, il a beaucoup contribué à la destruction des anciens quartiers.
Apparemment, 1/3 de la médina aurait été détruit dans les années 60.
La gare routière de Monastir est au pied des remparts de la médina. Je passe donc directement la porte. Bon bin là des touristes partout, surtout des français, des centres commerciaux pour touristes (ils appellent vraiment comme ça) et des peluches de chameaux.
Je me dirige donc directement vers le Ribat qui est au bord de la mer. Sur la route, je m'arrête à la Grande Mosquée, qui semble visitable.
Ah non juste la cour intérieure qu'on pouvait voir, puisqu'il faut y entrer pour payer. Dans la cours, il n'y a absolument rien ! Une longue colonnade en marbre, mais c'est tout. Je reprends la route vers le Ribat.
Comme souvent, ce ribat a eu une base, et a été agrandi, consolidé avec le temps, les époques, les invasions, ... Ce qui en fait un bâtiment assez complexe. Je plains la personne qui tentera un jour d'en faire un plan précis ! Il y a des escaliers partout, mais ils ne mènent pas forcément là où on pense ! Il faut parfois aller tout à gauche pour en fait se rendre à droite, monter 2 étages pour pouvoir en descende 1, etc.
J'ai grimpé dans le nador, tour de garde et y ai rencontré un couple de français assez âgé. La dame m'a dit que dans son guide, on disait qu'il y avait 87 marches pour accéder en haut, et elle a compté, il y en a bien 87. Elle était à deux doigts de l'arrêt cardiaque. Pas d'panique ma ptite dame, j'ai mon brevet de secouriste ... heu comment on fait déjà ?!
Bon bref, un vue superbe sur la mer, le cimetière et toute la ville.
Pourquoi je vous parle du cimetière ? Déjà parce qu'un cimetière c'est toujours vachement cool, et puis il est grand, et puis c'est là qu'Habib Bourguiba est enterré.
Mais on en reparlera juste après.
Dans le Ribat, il y a aussi un petit musée. Il s'appelle le musée Habib Bourguiba ! Bien tient !
A Monastir, il y a l'avenue Habib Bourguiba, l'avenue Fattouma Bourguiba, l'avenue Meufida Bourguiba, le musée Bourguiba, la mosquée Bourguiba, le mausolée Bourguiba, l'aéroport Habib Bourguiba, ...
Revenons au petit musée. On y trouve des tissus anciens, des fragments de manuscrits, des enluminures, ... J'ai été frappée (façon de parler hein) par des fragments de tissus brodés datant du VIème siècle, presque pas abimés !
Je me dirige ensuite vers le cimetière. Il est bien entretenu (par rapport à celui de Bizerte) et il y a des tombes de toutes sortes.
Une tombe m'attire particulièrement car elle est juste enduite de ciment et on y a inscrit des trucs avec le doigt. Ca devait être quelqu'un d'assez pauvre.
Après ça, je me dirige vers la tombe de Bourguiba. Heu, léger contraster avec la tombe dont je viens de vous parler. Vous voyez le ptit machin au fond ? C'est là ...
Ce qui est déjà prodigieux, c'est que Bourguiba est enterré à l'emplacement exact de la sépulture de ses parents. Ensuite, il a vu les choses un peu grande. Pour accéder à sa tombe, il y a une allée solennelle qui doit faire pas loin de 100m. Une mega grille, un bâtiment central assez grand et de chaque côté un minaret de 25m de haut. Petite tombe quoi.
Il a fallu près de 20 ans pour construire tout ça. L'intérieur est du deux étages, hyper luxueux.
Il y a même un mini musée sur Bourguiba avec les lunettes de Bourguiba, son bic, sa carte d'identité (qui porte le numéro 0000001), ses costumes, ses chaussures, ... manque juste un slip et le compte est bon.
Autour de son tombeau, il y a comme des niches couvertes de mosaïques en or. Les plafonds aussi sont dorés et éclairés par des lustres en cristal.
Un guide expliquait quelques petits trucs à un couple d'espagnols. Et là j'ai entendu quelque chose de fabuleux : "La Mecqua est la casa de Alah"! Je suis allée me cacher pour rire!
Sinon, pour la ptite histoire, Bourguiba c'est le combattant suprême. C'est grâce à lui que la Tunisie est devenue indépendante, que les femmes sont reconnues égales à l'homme, qu'elles ont le droit d'avortement, de vote, la polygamie devient une exception, etc. tout ça en 1957! C'est quand même pas rien.
Bon à côté de ça, il y a eu des erreurs, des abus et il s'est autoproclamé président à vie en 1974, l'année de ses 71 ans quand même. Sa santé commence à se dégrader, le gouvernement devient figé. Son épouse tente de le lui faire remarquer. Il l'accuse de complot et la fait disgracier.
Il est de nouveau élu en 1986 (avec des élections truquées ... tient ça existe ça?!) et devinez qui est son premier ministre ... ce cher Ben Ali bien entendu ! Un an plus tard, Ben Ali, en accord avec les autres ministres, pousse Bourguiba hors du pouvoir et on le renvoit dans sa ville natale.
Le changement de président est à peine fait que toutes les statues à l'effigie de Bourguiba sont remplacées par celles de Ben Ali. T'es vieux, ciao et merci. Bourguiba meurt en 2000, il n'y a même pas eu de fête nationale.
En arrivant au pouvoir, Zine el-Abidine Ben Ali a refusé le titre de président à vie. Le truc c'est qu'il est élu depuis 1987 avait 99.95% ...
Bon, il est midi passé, j'ai la dalle, je m'offre un ptit resto. C'est toujours Ramadan, donc pas facile de trouver à manger mais là c'est finement fait. Un menu sur pied, laissé dans la rue, uniquement en français. Tu regardes le nom du restaurant et tu vois que c'est fléché un peu plus loin. Les portes sont fermées, il suffit d'entrer et voilà, t'as un resto ouvert. A l'intérieur, un couple de français, c'est tout.
Puisque vous êtes fan de ma vie, je vous le dis, j'ai mangé des spaghettis bolo, très très bons pour presque rien.
Il est presque 14h, j'ai déjà fait le tour de Monastir, il ne me reste plus qu'à aller voir comment ça se passe pour prendre le métro du Sahel et me rendre à Mahdia.
C'est très bien organisé. On me donne une feuille avec les horaires spéciaux pour Ramadan. Tout est précis, ponctuel, ok on y va.
Il y a environ 50min pour faire Monastir jusqu'au terminus de mahdia avec plein d'arrêts entre deux. Alors le train, miteux comme jamais ! Ca pue l'huile chaude, c'est tout crade, c'est pas confortable mais c'est pas cher.
J'arrive un peu avant 16H à Mahdia. Le temps n'a pas l'air top top. Je regarde bien le plan de la ville pour m'organiser car le dernier métro de la journée pour Monastir part à 17h15. J'ai peu de temps sur place. Je sors de la gare, grosses averse ! Super ...
Je m'abrite sous un arbre et commence à papoter avec deux guides locaux. Ils m'expliquent que la saison n'a pas été terrible et qu'ils ont vu un gros changement au niveau des touristes depuis l'an dernier. Ce sont encore les français et les allemands majoritaires, mais ils paient moins que d'habitude. Mais la grosse surprise, c'est que maintenant ce sont beaucoup de russes, tchèques, slovaques ... qui sortent rarement de leurs hôtels.
Ils viennent pour le soleil, point barre. Certains ne soucient un peu de leur culture mais n'achète rien, ne paie rien du tout. D'ailleurs, un pâtissier de la ville (un français tombé amoureux de Mahdia) dit que ce sont des tchèques sans provision ! mdr
Blablabla on papote, l'heure tourne, le temps se calme. Je quitte donc les deux guides et tente une tite visite rapide des lieux. A Mahdia, il y a un cimetière marin sur un ancien port fatimide (un mouvement dissident de l'islam).
Il est vraiment au bord de la mer, certaines tombent touchent quasiment l'eau. Un petit chemin s'est tracé avec le temps au milieu des tombes et de la nature. Par beau temps, ça doit vraiment être magnifique. C'est déjà très sympa quand il pleut.
Le cimetière est au bord d'une énorme forteresse turque, fermée lorsque je suis arrivée. Des fouilles sont encore organisées tout autour.
D'extérieur, la Grande Mosquée ne montre rien d'exceptionnel et de toute façon, elle est fermée.
Je reviens sur mes pas et passe dans le marché de la ville. Je suis devenue accro à ce truc là. Bon celui là est vraiment tout petit et il y a peu de vendeurs encore présents.
Il est déjà presque 17h, je me dirige donc vers la gare mais passe par le port. C'est un port de pêche très important. Il y a quelques gros paquebots sortis de l'eau. Les pêcheurs ont déjà rangé les filets.
Bon bin c'est l'heure pour moi de rentrer également alors.
Je monte dans le train, il n'y a absolument personne. Comme j'avais dormi comme une masse à l'aller, j'essaie de rester éveillée pour voir un peu le paysage. Entre Mahdia et Monastir, c'est simple, il n'y a rien ! En tout cas, rien de visible le long des voies.
Il y a quelques villages ou groupes de maisons mais c'est tout. J'ai vu pas mal de jeunes discutant dans des terrains vides, ils devaient avoir plus ou moins mon âge. C'est quoi leur avenir par là ?
Je finis par m'endormir et le contrôleur me réveille à notre arrivée à Monastir. Ce n'est pas un terminus donc si je reste dans le train, je me retrouve à Sousse.
Il est 18H40, donc en plein pendant la rupture du jeûne. Pas le meilleur moment pour trouver un moyen de transport pour rentrer à Tunis. Je vais à la gare de louage, tous les taxis sont là, mais bien sûr personne dedans.
Je trouve ceux qui rentrent à Tunis. Le chauffeur me dit que je risque d'attendre un petit temps avant qu'on parte. Bon bin tant pis, pas le choix de toute façon. Très vite une deuxième personne monte dans le taxi. On discute un peu pour faire passer le temps. Cet homme est guide et bon là il se prend ses congés à Tunis.
Il critique les autres guides en disant qu'ils ne sont là que pour te vendre des trucs et au fil de la discussion il avoue avoir un commerce de tapis et l'huiles essentielles ... Il est comme les autres quoi, mais bien sûr, je me tais.
Il commence à être relou avec ses propositions à la con (me faire "visiter" un super hôtel tunisois, m'offrir de l'huile essentielle qui donne plus d'ardeur dans le couple, etc.) et donc je l'envoie bouler (poliement quand même) et vais à l'arrière du van pour avoir la paix. Cool, il n'insiste pas. Vers 20h00, d'autres personnes arrivent, ok c'est complet, en route !
On fait une halte sur la route dans une station Total. Bon bin en Tunisie aussi, les wc des stations Total sont propres. On se remet en route, d'une traite jusque Tunis.
Depuis que je suis en Tusinie, j'ai appris à mentir sans scrupule. On me demande souvent mon numéro de téléphone et refuser de le donner, c'est un peu s'attirer des emmerdes. Alors j'en donne un, mais ce n'est pas le mien. Je ne change qu'un numéro pour ne pas donner l'air d'hésiter. Apparemment, ce numéro existe, je m'excuse auprès de la personne qui doit recevoir des appels et messages provenant de Tunisie.
Donc avant de quitter le parking, le guide ma saoule pour avoir mon num et me faire visiter Tunis, ok je donne le faux numéro. Il essaie, forcément mon téléphone ne sonne pas. Déjà, je donne le numéro belge (que je laisse à l'appart) et puis de toute façon j'écoutais de la musique donc dans ces cas là, je n'ai qu'un faible bip dans les écouteurs.
Je le salue au lieu, vite fait et je fuis dans les rues tunisoises pour choper un TGM.
Donc voilà, pour toutes les copines qui s'inquiétait du comportement des tunisiens, oui ils sont dragueurs, parfois bien relou, mais ils insistent rarement. Il faut éviter d'être trop honnête et de leur dire qu'on ne va pas les rapeller parce que c'est là qu'ils deviennent chiants ! Quand c'est possible, dans les transports en commun, il vaut mieux se mettre au milieu d'une famille, même si c'est bruyant ou près de femmes âgées.
Personnellement, j'écoute toujours de la musique, c'est rare qu'on soit dérangé dans ces cas là. Si par hasard, vous avez croisé le regard d'un homme (surtout jeune) évitez que ça arrive une nouvelle fois, parce qu'eux croient que c'est volontaire et vous allez vite le voir s'avancer vers vous ...
Si un officiel ou quelqu'un à qui vous demandez un renseignement commence à dire que vous êtes charmante etc. ne vous fâchez pas et reposez votre question, ils y répondront, remerciez et partez.
Voilà ce sont tous des petits trucs que j'ai remarqué tout au long du séjour. J'ai beau être quelqu'un de pas provocante du tout, qui ne s'habille pas particulièrement court, qui ne parle pas à n'importe qui, je n'y échappe pas parce que je suis une fille, que je suis bien souvent seule (ça les intrigue toujours ça) et que je suis européenne.
Quoique ça fait plusieurs fois au cours de ces dernières semaines qu'on me demande si j'ai des origines arabes. On me dit que je ne fais pas européenne à 100%. Le fameux guide relou a même poussé le truc à dire que mon arrière grand-mère (j'ai expliqué mes origines lointaines catalanes) devait avoir des orgines syriennes parce que, apparemment j'ai le regard d'une syrienne. Alors Esperanza Saletes ne serait pas une vraie catalane ?! (ça va fâcher mon père ça, héhé!)
Ah ouais, aussi, il faut savoir que les tunisiens sont très curieux. Ca nous parait étrange à nous, européens, mais ils aiment discuter dans la rue, simplement. Alors ils posent des questions sur l'âge, si on a un mari (bin oui, il faut être marié), combien on est payé, etc. Perso, je ments toujours sur mon salaire, le rabaissant au smic tunisien, ça évite les emmerdements. Sinon ils vont se dire que je suis riche et en période de Ramadan, on pratique l'aumone légale.
Ne vous inquiétez pas, cette façon se mentir restera à la frontière, là ça fait vraiment partie du kit de survie.
Le week end prochain, j'irai normalement dans le Grand Sud et je passerai par une agence pour éviter les surprises.